Historique du mouvement coopératif

La coopérative est en fait une forme d’organisation d’entraide qui remonte à la nuit des temps. Les Romains la pratiquaient déjà et le Moyen-Âge grouillait de corporations de toutes sortes. En Suisse, elle participe quasi au mythe fondateur de la belle Helvétie et elle est définie dans le Code des obligations aux articles 828-926.

La coopérative atteint un premier pic de popularité dans sa longue histoire dans la première moitié du 19e siècle. En pleine industrialisation, ce sont principalement des coopératives de production et de consommation qui éclosent des mouvements ouvriers, mais on y voit naître également les premières coopératives de construction et d’habitation. Leur but était avant tout de créer de meilleures conditions de travail pour la classe ouvrière et de construire des logements sains et abordables (lire aussi article Habitation 1-2018). 

L’association faîtière coopératives d’habitation Suisse a, quant à elle, été fondée en 1919 afin de transmettre savoir-faire et aides financières au mouvement coopératif naissant. L'ancêtre de l'ARMOUP, l'Union Suisse pour l'Amélioration du logement (USAL), est né un an plus tard, en 1920. Une seconde grande vague de fondations de nouvelles coopératives d’habitation et de construction a déferlé lors de la grande pénurie de logements qui a suivi la fin de la deuxième guerre mondiale.

Depuis, le mouvement s’est quelque peu calmé. La période de haute conjoncture des années 60-70 a surtout profité aux promoteurs privés, dont les buts sont orientés sur le profit plutôt que sur la solidarité. Durant ces années-là, les coopératives d’habitation ont bien construit un certain nombre de grands ensembles locatifs, mais le grand boom était derrière. Durant les années 80, on a surtout vu naître de nouvelles formes de logement et d’habitation, dont les coopératives autogérées. Les coopératives d’habitation ont connu un certain regain de popularité à la fin du 20e siècle, mais qui s’est limité à certaines régions comme Zurich et la Suisse romande. 

Il existe aujourd’hui de multiples formes de coopératives d’habitation, depuis la petite coopérative d’habitants qui ne gèrent que les quelques appartements de leur immeuble jusqu’à de vénérables et puissantes coopératives d’habitation qui gèrent des milliers de logements, en passant par diverses autres formes comme des fondations, sociétés immobilières et sociétés anonymes sans but lucratif ou encore des logements des pouvoirs publics. Leur point commun est qu’ils incarnent tous des valeurs importantes telles que solidarité, entraide, gestion démocratique, but non lucratif, enracinement local et vivre ensemble. Leur nom commun à tous : le maître d’ouvrage d’utilité publique.